PHILOSOPHY
Marc Goldstain, la peinture habitée
LE PARADOXE DU RÉEL
Ce qui frappe de prime abord chez Marc Goldstain, c’est la manière dont il ensemence la peinture à travers de fécondes contradictions. Il y a encore quelques années, son décalage entre une pratique picturale très maîtrisée et une personnalité toute en arrondis pouvait en étonner certains. C’était mal le connaître. Mal connaître sa quête obstinée de l’essentiel, à savoir se « réaliser » à travers la peinture, tenter l’impossible utopie de s’extraire du chaos à travers l’ordonnancement du réel. A six ans, il découvre chez un voisin un dessin représentant un pistolet « bien rendu » qui va percuter ses cinq sens à travers les trois dimensions. Cette expérience fondatrice lui ouvre un chemin qu’il n’a cessé de suivre depuis : la conscience du monde par la représentation. D’où son intérêt pour une formation en arts appliqués qui implique plus fortement l’engagement du corps, de la main. Et son appétit précoce pour des artistes incarnés dans leur peinture, tels Pollock ou De Kooning. Et pourtant, Marc Goldstain s’oriente rapidement vers une peinture « réaliste », parfois à la limite d’un illusionnisme figuratif. Une manière pour lui d’ordonnancer le chaos ? D’ « être », au travers d’une architecture picturale du banal ?
Après avoir été remarqué par Hector Obalk, exposé avec les artistes précurseurs du retour de la figuration et du fait urbain (François Boisrond, Philippe Cognée…), le voici depuis plusieurs années porté par un nouveau paradoxe créatif. En découvrant ses portraits issus de performances interactives, on peut s’interroger sur la touche instinctive, lâchée, expressionniste, dans l’esprit d’un Van Gogh, d’un Soutine ou d’un Bacon, trois artistes qu’il cite volontiers. Et pourtant ! Elle est simplement le signe d’une autre voie pour atteindre une vérité plus subjective et permettre l’émergence d’un réel « vivant » qui s’appuie sur un savoir tout autant corporel que conceptuel. C’est dans la tension entre ces différentes recherches que s’inscrit la singularité de l’artiste. C’est dans l’actuelle tentative de fusion entre ces deux axes de création que réside la puissance de sa démarche, qu’il qualifie lui-même de « présence habitée ».
LA CITÉ, LE BANAL POÉTISÉ
Une idée importante dans la démarche de Marc Goldstain est celle de la responsabilité de l’artiste dans le contenu de ce qu’il donne à voir. En tant que citadin, il a besoin de sentir la ville comme lieu vivable, y compris donc dans ce qu’elle a de plus banal ou morose. Ainsi, il s’est toujours intéressé aux lieux les moins regardés, et de cet intérêt naît un des sens de sa pratique artistique. A l’instar des photographes et peintres de l’étrange banalité et du réalisme urbain (depuis les Bescher et leur élèves jusqu’à Gilles Aillaud, en passant par Stéphane Couturier, Jurg Kreienbühl ou Peter Doig), Marc Goldstain présente donc un état des lieux « réaliste » de notre société Il utilise pour cela son extraordinaire sens de la composition et du « portrait » urbain, qui nous invite à pénétrer littéralement dans le tableau pour explorer les linéaments du réel. Il se sert également d’une palette extrêmement riche et précise de « gris colorés » qui nous enveloppent d’un mystère quotidien et nous invitent à déambuler sur ces places de marchés désertées, ces bâtiments désincarnés et pourtant tellement marqués de présence humaine sous-jacente.
Cet « accouchement » du réel, l’artiste va le puiser tant dans Canaletto que dans sa propre pratique photographique. Comment faire œuvre aujourd’hui avec des pinceaux, des pigments et de la toile, alors que la multiplication et la dématérialisation des images incite à « emprunter », à reproduire ou à donner à voir tel quel ? C’est que le passage par le corps, la nécessité « organique » de structurer sa propre pensée, son unicité matérielle, est indispensable pour apprivoiser le chaos. C’est que la peinture est l’instrument idéal d’une « re-réalisation » du monde. Car la tension esthétique que porte une image née du regard et de la main de l'artiste permet de transmettre une iconographie poétiquement dé-sublimée, plus « habitée », de ces lieux communs, tout en préservant leur identité vague.
PORTRAITS INTERACTIFS, L'IDENTITÉ EN MOUVEMENT
L’autre versant du travail de Marc Goldstain, offre de prime abord un saisissant contraste. Autant ses paysages urbains semblent des représentations fidèles, figées, d’une certaine vacuité, autant ses portraits de visages sont au contraire vibrants de matière et de chair, évoquant la pratique de Francis Gruber, Marlène Dumas, ou plus près de nous, Emmanuelle Perat. A y regarder de plus près, cependant, ce n’est pas seulement la touche qui est en cause, mais aussi le protocole de création. Les poses sont en effet réalisées dans le cadre d’un processus performatif et interactif qui n’est pas sans évoquer le travail de Hans Richter avec ses « portraits visionnaires ». Lors de ces séances, Marc Goldstain invite modèles et spectateurs à participer à un training perceptivo cognitif, afin de créer un « volume de relation » englobant les différentes présences. Dans ce volume apparaît un jeu d’influences réciproques. L’artiste en peignant un portrait, accueille et dépeint aussi l’atmosphère globale subjective en constante évolution, qu’il laisse se mêler aux traits dessinés « objectifs » de la personne représentée. La couleur apparaît subjective et la forme parfois juste esquissée.
Figures uniques ou multiples, formats intimistes ou polyptiques, les toiles ainsi produites enregistrent un moment particulier, instantané de temps, d’espace et d’interactions, qui ne sont pas sans évoquer la fameuse « esthétique relationnelle » théorisée en son temps par Nicolas Bourriaud. C’est là que réside la véritable différence avec les paysages urbains, que le regardeur doit investir en se rapprochant, en progressant vers la surface, tandis que les portraits de personnes jaillissent au contraire d’eux même. Cette exploration picturale, menée dans un second temps, témoigne bien de l’évolution et la maturité d’un artiste dont le pinceau ne cherche plus à « ordonner », poser des « fondations », maîtriser le réel, mais est au contraire le medium sensible d’une relation à l’autre, aventure imprévue et condition nécessaire à l’éclosion du vivant.
UNE PEINTURE CORPORELLE
Développée notamment dans le cadre d’une recherche en Master 2 (sciences de l’éducation, spécialisée en « psychopédagogie perceptive ») l’exploration formelle de Marc Goldstain passe par un dialogue entre une observation du monde et ses propres méditations sensorielles, immobiles et gestuelles. Pratiquant un « training » quotidien à la manière de celui conçu pour les acteurs par Jerzy Grotowsky et Eugenio Barba, il explore une luminosité colorée, subjective qui imprègne sa peinture. Cette exploration corporelle et spirituelle dépasse sa production d’art pour prendre la dimension d’un engagement total, dans le sillage d’un Joseph Beuys, d’une Marina Abramovic ou d’une Adrian Piper. Mais chez Marc Goldstain, elle agit, au contraire d’une dématérialisation de l’œuvre, comme une puissance de re-matérialisation physique, émotionnelle et picturale. Possibilité de dépassement de la « surface », qui relie le geste de peindre à sa globalité corporelle et psychique. La touche du peintre devient alors la trace singulière de sa propre présence consciente d’elle-même. Une présence à soi-même à laquelle il invite le regardeur, dans une allégorie de ce que Merleau-Ponty décrivait comme réalité du « corps, foyer des sens ».
Danser la peinture, donc, et, dans le sillage du philosophe John Dewey, concevoir « l’art comme expérience », où les allers-retours entre le concept et sa matérialisation, mais aussi entre l’intention de l’artiste et la réception active du public constitue un tout, dont l’ambition est bien de permettre un art généreux, sensible, ouvert, et pourtant exigeant.
LA VILLE EXPÉRIMENTÉE
Marc Goldstain a donc toujours considéré la ville comme le lieu privilégié des expérimentations artistiques du quotidien, dans laquelle il s’inclut lui-même. En témoignent bien sûr ses « portraits de ville », mais aussi « d’habitants », et ses fresques murales commanditées, qui proposent aux passants une relecture de leur environnement. Mais c’est à travers plusieurs résidences récentes (Brésil, Chine…) dans différentes villes-mondes, qu’il réalise une première synthèse de l’ensemble de ses questionnements artistiques. Invité par des institutions interculturelles (type alliances françaises ou fondations), il y déploie donc une méthodologie en quatre étapes :
1- Interactivité avec les habitants de la ville avec lesquels il instaure une relation basée sur le training de « pleine présence » et qui dessinent un plan indiquant le chemin de leurs maisons.
2- Trace de cette interaction sous la forme de portrait des habitants, en groupe ou individuel.
3- Cartographie relationnelle de l’artiste sous forme d’un « geste », matérialisé par la photographie, le dessin et la peinture des lieux de vie des participants.
4- Plan subjectif de la ville, délimité par les différents lieux d’habitation visités.
Ainsi, dans ces résidences artistiques, il déroule une temporalité ancrée dans l’interactivité avec les habitants, avec la ville, pour entrer dans une expérience véritable, une attitude contemplative/active nécessaire à une compréhension plus profonde de ces lieux, trop souvent associés à un déferlement d’images superficielles.
UNE SYNTHÈSE « IN PROGRESS «
Fort de toutes ces expérimentations formelles, corporelles, picturales et humaines, Marc Goldstain aborde maintenant une nouvelle phase de son travail. Il s’agit en effet de faire co-exister dans un même espace sa manière « réaliste » et son approche plus « expressionniste ». D’un côté, l’artiste observe et restitue l’enveloppe de la chair de la ville, avec sa matière, son « voile » pictural. Son tableau est alors un espace ouvert dans lequel il nous fait pénétrer, cheminer. D’un autre côté il capte les âmes sur la toile qui devient un écrin, une sorte de reliquaire à usage intimiste et qui pourtant jaillit directement vers nous. Cette « tension contradictoire » est pourtant plus légère – et même certainement féconde – qu’il n’y parait. Il y a, dans l’essence des êtres humains captés par le pinceau sensible de Marc Goldstain, autant de matière superficielle (peau, regard, éléments « extérieurs » sur lesquels fonder une introspection) qu’il y a de profondeur dans les détritus d’un marché ou derrière la façade inhumaine d’un immeuble.
Mais dans son travail actuel, le potentiel créatif naît d’une résolution consciente de ce paradoxe. Paradoxe que nombre d’artistes ont depuis toujours cherché à résoudre, de Giotto à Rembrandt, de David Hockney avec sa « perspective inversée » à Gerhard Richter avec ses « tableaux photographiques ». Il s’agit en l’occurrence de proposer un espace « superficiel et enveloppant » – la ville – dans lequel se déploie la « présence jaillissante », individuelle, de ses habitants. Pour formelle qu’elle puisse apparaitre, il s’agit pourtant pour Marc Goldstain, d’une véritable synthèse personnelle (un ordre du monde qui se construit dans l’acceptation du vivant, du sensible, du hasard, de la rencontre et de l’imprévu) comme artistique (une présence incarnée, une unification temporelle et spatiale qui sonne « juste » et tende à l’universalité). Et en définitive, il s’agit bien pour lui, de changer notre regard sur notre fragile et merveilleux « banal », et, en nous restituant sa propre expérience introspective, de rendre le monde à sa présence.
Fréderic Elkaïm
Marc Goldstain, the true color of the world
THE PARADOX OF REALITY
What is at first sight striking is how Marc Goldstain seeds his paintings through prolific contradictions. Only a few years ago, the gap between his very much mastered pictorial practise and his openness to compromise could be surprising for some. That was misjudging him. Misjudging his determined pursuit of the main thing, that is to « fulfill himself » through his paintings, achieve the impossible utopian aim of clambering out of chaos through the organization of reality. When he was 6, he discovered at a neighbor’s place a « well captured » drawing of a pistol which stroke his five senses through the three dimensions. This founding experience set him on a path he never left : an awareness of the world through description. It’s no surprise that he decided to follow an art and design training which strongly involves the body and the hand. And that he got an early appetite for artists embodied in their art, such as Pollock or De Kooning. And yet, Marc Goldstain quickly turned to a « realist » painting, sometimes verging on figurative illusionism. Did he mean to organize chaos? « To be », through a pictorial architecture of the ordinary?
After having been noticed by Hector Obalk who exhibited his work with forerunners of the return of figurative art and of the urban fact (François Boisrond, Philippe Cognée…), he has grown interested in a new creative paradox for years. When we discover his portraits painted during interactive performances, we can wonder about the instinctive, free, expressionist touch reminiscent of Van Gogh, Soutine or Bacon, three artists he often mentions. But it simply represents another means of reaching a more subjective truth and allowing the emergence of a « vivid » reality based on a bodily ; as well as a conceptual knowledge. The peculiarity of the artist lies within the tension sprang from these various quests. These days, the power of his approach, which he calls «inhabited mindfulness », resides in his trying to merge these two axis of creation.
THE CITY AS THE POETIZED ORDINARY
An important concept of Marc Goldstain’s approach is the artist’s responsability towards the content that he’s willing to show. As a city-dweller, he needs to feel that his city can be lived in, including at its most ordinary or dull. He has always been interested in the less looked-at places ; this gave some of its meaning to his artistic practise. Like the photographers and painters of strange triteness and urban realism (the Beschers and their students as well as Gilles Aillaud, including Stéphane Couturier, Jurg Kreienbühl or Peter Doig), Marc Goldstain shows a « realist » state of play of our society. To that end, he uses his extraordinary sense of composition and of the urban «portrait», inviting us to literaly enter the painting to explore the lineaments of reality. He also uses an extremely rich and precise palette of « colored greys » which shroud us with a daily mystery and invite us to stroll these deserted marketplaces, these disembodied buildings, where the underlying human presence nevertheless stamped itself on.
The artist draws this « delivery » of reality from Canaletto as well as from his own photographic practise. How can you create works of art these days with paint brushes, pigments and canvas while the increase and dematerialization of images prompt you to « borrow », to reproduce or to show as is? Calling on one’s bodily sensations, the « organic » necessity to structure one’s thought, its material uniqueness, is essential to taming chaos. Painting is the ideal instrument of « achieving » the world again. This because the aesthetic tension of an image created by the eyes and the hand of the artist enables him to communicate a poetically unsublimated, more « inhabited » artwork of these common places, while preserving their vague identity.
INTERACTIVE PORTRAITS AS IDENTITY IN MOTION
The other aspect of Marc Goldstain’s work offers at first sight a startling contrast. His urban landscapes seem true and set descriptions of a kind of vacuity, but his portraits show us faces which are, on the contrary, ringing with matter and flesh, reminiscent of Lucian Freud’s or Marlène Dumas’ practise. Nonetheless, on thinking it over, this is not only due to the stroke, but also to the creation protocol. The poses are made within a performative and interactive process which reminds us of Hans Richter’s «visionary portraits». During the sessions, Marc Goldstain asks the models and the audience to take part in a perceptive and cognitive training, in order to create a «volume of relationship » encompassing all the different people. Inside this volume appear various reciprocal influences. While painting a portrait, the artist also feels and depicts the overall, subjective and continually evolving atmosphere which imbues the « objective » drawn features of the represented person. Colour seems subjective and the shape is sometimes only sketched.
Whether representing one or many faces, in intimist or polyptych formats, these paintings record a particular moment, a snapshot of time, space and interactions reminiscent of the famous « relational aesthetics » theorized by Nicolas Bourriaud in his time. There lies the true difference with the urban landscapes that must be figured out by getting closer to them, progressing towards the surface whereas the portraits spring out by themselves. This pictorial exploration, which happened subsequently,,cleary shows the evolution and maturity of an artist whose brush isn’t trying to « arrange », lay « foundations » or master reality anymore, but instead is a sensitive medium from one relationship to the other, an unplanned adventure and a prerequisite to the birth of the living.
A « BODILY » PAINTING
Marc Goldstain’s formal exploration, particularly developed within the context of a research in Master 2 (education sciences, specialized in « perceptive educational psychology ») is a dialog between an observation of the world and his own sensory, still and gestural meditations. Practising a daily « training », based on Danis Bois’method, like the one created for the actors by Jerzy Grotowsky and Eugenio Barba, he explores a colored and subjective luminosity which floods his painting. This bodily and spiritual exploration goes far beyond his artistic work, becoming a complete commitment in Joseph Beuys’, Marina Abramovic’s or Adrian Piper’s wake. But in Marc Goldstain it doesn’t act like a dematerialization of the work of art, but as a powerful means of physical, emotional and pictorial rematerialization. He can then go beyond the « surface », binding the painting gesture to his global bodily and psychological nature. The painter’s touch then becomes the singular mark of his own self-presence. He invites the onlooker to be self-present in an allegory of what Merleau-Ponty described as the reality of the « body, the source of senses »
So, he paints as a dancer and in the philosopher John Dewey’s wake, he approaches « art as experience », where the interactions between the concept and its materialization, but also between the artist’s intention and the active reception of the audience make up a whole, aiming at accomplishing a generous, sensitive, open, yet demanding art.
THE EXPERIMENTED TOWN
Marc Goldstain has always seen the town as a privileged place for daily artistic experiments in which he includes himself. This is of course reflected in his « town portraits », as well as his "portraits of inhabitants"and financed murals which enable the passers-by to reread their environment. He made a first synthesis of all his artistic questions through several recent residencies (in Brazil, China…) in various world-towns. When invited by intercultural institutions (like Alliances françaises or foundations) he deploys a four steps methodology:
1- Interactivity with the town inhabitants with whom he establishes a relationship based on the « mindfulness » training and who draw a plan indicating how to get to their homes.
2- Account of this interaction as portraits of one or several inhabitants.
3- Relational cartography of the artist as a « gesture », materialized by the photography, the drawing or the painting of the participants’ environments.
4- Subjective plan of the town, delimited by the various dwelling places he visited.
So, in these artistic residencies, he shows a temporality anchored in the interactivity with the inhabitants, with the town, to enter a true experience, a contemplative/active attitude he needs to get a deeper comprehension of these places, too often associated with a flood of superficial pictures.
AN « IN PROGRESS » SYNTHESIS
Wiser for all these formal, bodily, pictorial and human experiments, Marc Goldstain now starts a new phase of his work. It is a matter of having his « realist » manner and his more "expressionist » approach coexist in the same space. The artist observes and renders his visual perception of the town with its matter, its pictorial « veil ». His painting then is an open space that we can enter and discover. Meanwhile he captures the souls on the canvas which becomes a showcase, a kind of reliquary for an intimist use which nonetheless spouts up directly to us. Yet, this « contradictory tension » is lighter et even certainly more fruitful than it seems. In the essence of the human beings captured by Marc Goldstain’s sensitive brush there is just as much superficial matter (skin, eyes, « external » elements on which to base an introspection) as depth in the litter of a market or behind the inhuman front of a building.
In his current work, the creative potential is generated by a conscious resolution of this paradox, which numerous artists have long tried to resolve, from Giotto to Rembrandt, from David Hockney with his « reversed perspective » to Gerhard Richter with his «photographic paintings ». In such a case, he aims at suggesting a « superficial and enveloping » space -the town- in which the individual « spurting presence » of its inhabitants is deployed. As formal as it may seem, for Marc Goldstain, it’s a real personal synthesis (the nature of the world built with the acceptance of the living, the sensitive, chance, the encounter and the unexpected) and also an artistic one (presence incarnate, temporal and spatial unification which rings « true » and aims at universality). When all is said and done, it’s a matter for him to change the way we see our fragile and wonderful « ordinary » ; and through the rendering of his own introspective experience, to make the world self-aware again.
Fréderic Elkaïm